La Mer Rouge et le Canal de Suez; la Méditerranée

La Mer Rouge et le Canal de Suez; la Méditerranée

Le départ de Djibouti se fait sur les chapeaux de roues à la tombée du jour après avoir passé la matinée à faire notre "clearance out" et l'après-midi au marché et super marché pour ravitailler. Après une nuit rapide, le vent forcit le matin suivant lorsque nous passons de jour dans le goulot de Bab-el-Mandeb. LJ fonce avec le vent en poupe à 10-14 Nds. Comme l'Erythrée est en guerre avec l'Ethiopie, j'ai décidé de ne pas s'y arrêter. Premier stop prévu: Suakin au Soudan. Nous sommes encore toujours escortés par les "coalition warships" ce qui rassure la petite Nicole et lui facilite sa transition brutale depuis Harrods, la Croisette et l'Avenue Louise...
Nous naviguons près de la côte ouest entre les récifs de corail et le Soudan pour avoir une mer plus calme mais cela oblige une attention sans relâche du capitaine. Je suis fort déçu que la Mer Rouge est aussi bleue que les autres ! Après 650 miles, nous entrons le dimanche matin après un petit déj. crêpes, dans le chenal qui mène à l'ancienne ville de Suakin, qui fut longtemps la ville la plus importante du Soudan. Notre agent Mohammed s'occupe de toutes les formalités. Nous aimons cette ville typique avec son marché et ses restos où il faut manger avec les mains, pas de couverts. J'ai une pensée bactériologique pour les mains des musulmans qui servent aussi à l'hygiène fécale... Nous faisons la connaissance de Lars et Gina, un chouette couple de Norvégiens d'une quarantaine d'années, qui ont profité de deux années sabbatiques pour faire un tour du monde et qui ne s'étaient plus arrêtés depuis les Maldives !
Mardi matin, nous quittons ce décor fait de désert en bordure de mer bleu marine, de mosquées tous les 100m, de djellabas blancs et de ruines de beaux bâtiments en pierre de corail. Nous naviguons encore à l'abri de récifs qui guettent les safrans de notre catamaran à la moindre inattention. La vue de caravanes de chameaux sur la berge est irréelle.
Profitant d'une fenêtre météo favorable, nous arrivons à Port Ghalib, première ville où nous pouvons faire les formalités pour entrer en Egypte. Nous y passerons 2 journées avec des Australiens de Melbourne avec qui nous avions déjà été en contact avant.
Après une nuit de nav, nous amarrons le 15 mars 2017 dans le port d'Hurghada. Ici nous entrons dans l'Egypte touristique avec des restos sympas, une population gentille mais avide de bakchich et de nos dollars. J'essaie de faire réparer mon ordi dont le disque dur est hs depuis Socotra. Un "spécialiste" essaie pendant des heures à récupérer mes données. Lorsqu'il doit avouer qu'il n'a pas réussi, il refuse de se faire payer, j'apprécie. Les taxis qui nous attendent à la marina n'ont pas ces scrupules. Demandant le prix pour aller au supermarché ils me demandent 50 $; je leur propose d'un air décidé 10 $ et s'est OK...
Une météo favorable nous oblige à continuer vers le nord malgré que nous sommes le 17 mars, jour de mon anniversaire. Le golfe de Suez a en effet la réputation d'être la traversée la plus inconfortable d'un tour du monde!
A Suez les formalités sont facilitées en graissant la patte des officiels par l'intermédiaire de notre agent qui se sucre au passage. Il nous explique que les rouages de l'administration ont besoin d'huile (the local tip) pour ne pas se gripper ! Après 2 jours nous recevons le feu vert et un pilote pour attaquer les 190 kms. du canal, qui contrairement au Panama ne comporte pas d'écluses. Le pilote barre, ..sauf à l'heure de la prière. N'ayant pas un sens de l'orientation infaillible, il prie avec son derrière vers la Mecque. D'énormes cargos et tankers nous croisent et nous sommes surpris de voir de petits bateaux de pêche se mêler à cette navigation. Nous passons la nuit à Ismalia et repartons très tôt le lendemain pour Port Said ..... et la Méditerranée !!!!
Sur les conseils des blogs consultés, nous ne nous arrêtons plus là car la ville est sordide. Après avoir déposé notre deuxième pilote, nous passons la porte Est de la "mare nostrum" avec beaucoup d'émotion ayant déjà le (faux) sentiment d'avoir réussi ce long voyage autour du monde.
Deux jours après nous sommes dans la marina d'Agyos Nicolaos, à l'est de la Crète. Pas de formalités, un sentiment de liberté, des filles en minijupes arborant leur féminité, des terrasses et restos de bon gout. Nous sommes éblouis comme des gitans au salon de la caravane.
L'ordinateur trouve un technicien qui le fait redémarrer: alléluia !
Nous disons au revoir et merci à notre crew Italien dont la fille est toujours de mauvaise humeur et qu'avec Philippe nous avions déjà surnommée "sœur sourire" , ce qui avait provoqué chez elle une bouffée de colère incontrôlable, c.q.f.d. Nous regretterons Giovanni, gentil et très efficace et qui mérite beaucoup mieux.
Merci à tous nos fidèles de "Largo" et à leurs commentaires qui nous font toujours fort plaisir.