Fidji

Les Fidji
Avant de vous raconter les Fidji, je dois vous faire part d’une particularité du décalage horaire qui nous a étonnés.
Lorsque nous avancions vers l’ouest depuis l’Europe, nous avons gagné une heure +/- tous les 15° de notre progression. Ainsi, à Niue, à 170° W, nous étions déjà 11h plus tôt que la Belgique. Mais en allant vers les Tonga, nous nous approchons des 180° W et il n’y a pas de 181°W, nous passons alors à 179°E …. et l’heure change de -11h à + 13h (donc 24h de différence !) par rapport à l’Europe ! Ce qui revient à dire que nous ne devons pas changer nos montres mais que nous perdons une journée entière ! Nous sommes donc passés du vendredi 31/7 au dimanche 2/8 et on nous a volé le samedi 1/8 !!
Mais revenons aux Fidji.
Après une traversée assez confortable avec un léger vent AR, LJ entre à l’aube dans la baie de Suva, capitale des Fidji, qui se trouve au sud de la très grande île de Viti Levu après 3 nuits en mer.
Ici commence le ballet des autorités et un paquet de formulaires à remplir malgré le fait que j’avais déjà envoyé par email tout cela avec même une photo du bateau et du capitaine (obligatoire). Puis taxi pour aller dans différents bureaux qui se trouvent loin les uns des autres : bref, un jour et demi + un paquet de dollars perdus à cet exercice.
Suva est une assez grande ville et nous en profitons pour faire des courses et se procurer une carte SIM locale pour avoir internet à bord. Mais comme Suva s’appelle le Londres des Fidjis, nous partons vite pour la région ensoleillée à l’ouest, où nous jetons l’ancre devant Port Denareau. Ici nous sommes près de l’aéroport international de Nadi et Zus doit malheureusement rentrer chez elle. Nous restons en bonne compagnie avec des super yachts moteur et voile dont celui de Larry Page, Mr. Google. Nous reconnaissons aussi Zuckerberg, Mr. Facebook qui passe sur un kite-surf.
Il y a une grande régate pour voiliers à Muscet Cove a laquelle nous ne pouvons pas participer parce que le chariot de GV est cassé. Mais les organisateurs nous disent que nous pouvons participer au moteur ! Pas très sérieux tout cela. Mes batteries sont foutues et heureusement Mastervolt Nouvelle Zélande me les envoie sous garantie, bravo !
Le 20 septembre, Nicole revient après un très long vol après avoir passé 3 semaines en Europe pour assister au mariage de la fille de Patrick et Annemie à Portofino. Elle me raconte en détail et avec des superlatifs dithyrambiques cette superbe fête qui me fait regretter de ne pas l’avoir accompagnée. L’après-midi je vais chercher à l’aéroport de Nadi Nicolas et Nanou, une cousine de Nicole. J’ai mis mon sulu (une sorte de jupe élégante que portent les hommes aux Fidjis) pour l’occasion.
Voilà un couple super pour lequel j’ai concocté un programme dans les Mamanuca et les Yasawa, les plus belles îles.
Je laisse à Nicolas le soin du récit de leurs aventures Fidjiennes…mettez vos ceintures de sécurité. ;-)

« Bienvenue aux îles Fidji ! Pour tout adepte de la bronzette qui se respecte, les îles Fidji ont des airs de nirvana. Des plages bordées de palmiers, des récifs regorgeant de poissons et des autochtones souriants : mettez maillot de bain et crème solaire dans votre valise, ces îles ensoleillées sont si chaudes qu’elles en deviennent torrides.
Destination touristique depuis des décennies, les Fidji attirent les vacanciers, comme des pèlerins vers la Terre Sainte, par la promesse de plages de sable blanc, de ciels sans nuage et d’une douce torpeur à l’ombre des palmiers. »
Evidemment, en lisant ces commentaires dans Lonely Planet, on se dit bien que l’on ne peut pas se tromper. L’endroit est idéal.
Six mois que l’on se réjouissait et que l’on préparait notre venue à bord du Lazy Jack dans ce coin reculé du monde. Six mois que nos conversations à table ne tournaient plus qu’autour de cela : « t’as pensé aux palmes, au masque ? Et le tuba, dis, t’as pas oublié le tuba ? Et à part un maillot ou deux, faut autre chose tu crois ? Ah, de la crème solaire, tu crois vraiment. Oui, oui, mais faut pas toujours croire ce que dit Lonely Planet ! Et d’ailleurs, c’est qui ce Lonely Planet ?» On avait bien essayé de trouver un guide ou l’autre dans les meilleures librairies bruxelloises, mais rien à faire, les Fidji, c’est vraiment très loin. Il n’y avait qu’internet pour nous prodiguer les conseils nécessaires pour faire survivre flamands, wallons et bruxellois dans ces paradis tropicaux.
Et mi-septembre, c’est le grand départ. Un stop-over de quelques jours à Kuala Lumpur pour se rendre compte de ce qu’est le « haze » malaysien, c’est-à-dire un temps magnifique avec un ciel tout gris, on ne voit pas à 100 mètres et il y a une odeur de brûlé où que l’on aille. Puis direction Auckland et arrivée au Nirvana, c’est-à-dire Nadi au Fidji où Captain Jack, en grande tenue autochtone, nous attend pour nous amener à Port Denarau, lieu d’encrage temporaire de Lazy Jack. Nous y retrouvons avec joie Lady Nicole ainsi qu’Alberto et Alice qui font la renommée gustative à bord du bateau.
Une nuit et une journée à flâner autour de Port Denarau en attendant les derniers préparatifs nous permettent d’absorber une partie du jet-lag (10 heures quand même) et de nous familiariser avec la population et la langue locale. Il suffit de dire « bula » à tout le monde et de rester très gentils avec les autochtones car tous, hommes et femmes, peuvent revendiquer leur place dans l’équipe de rugby locale. Un petit tour au marché aux légumes et épices et retour sur le bateau pour un départ pour les îles Mamanuca et Yasawa… départ, sous une pluie un peu surprenante.
Le programme que nous a concocté Captain Jack est des plus alléchants… Muscet Cove Marina, Monuriki (théatre du film Cast Away avec Tom Hanks), Navadra (la perle des Mamanuca), Naviti (où l’on nage avec les raies Manta), Matacawa (où a été tourné le film Blue Lagoon qui a révélé Brook Shields). Enfin, du lourd quoi ! Et même une plage avec une grotte (Sawa-I-Lau cave) où le prix d’entrée de la grotte est plus cher que celui du Louvre et du Vatican réunis.
Un programme de rêve, avec plages de sable blanc, palmiers à perte de vue, récifs de corail, faune aquatique diversifiée mais également danses polynésiennes, visites de villages, cérémonie du « Sevu Sevu » avec absorption du Cava, boisson locale qui ressemble à une mélasse brunâtre et que chacun boit, en cercle, dans le même récipient.
Enfin, les Fidji comme décrits dans Lonely Planet… sauf que… les nuages et la pluie s’en sont mêlés.
Le premier soir, Nicole nous dit, « cela fait quand même un peu penser à Breskens ». Evidemment, pour moi qui, au pays des bataves, n’ai jamais dépassé Cadzand, Breskens c’est l’exotisme à l’état brut. Manque plus que le verre de « witteke » et deux trois maatjes bien frais et on s’y croirait. Mais, plutôt qu’un witteke, on a droit à l’apéro favori de Nicole, à savoir son fameux Gin and Tonic qui n’a du Gin and Tonic que le nom. Le reste, c’est un peu de tout et surtout, tout ce qu’il y a dans le bar. Au bout du second apéro maison, Nicole parle de moi dans des termes déjà très flatteurs. Elle m’a baptisé « son alcoolyte ».
Au premier mouillage, Captain Jack jette l’ancre à quelques encablures d’un bateau Néo-Zélandais dont le propriétaire nous tance vertement : « don’t you think you’re close enough ? I’ll wake you up at night ». Vu que ce marin rugueux fait penser à un « All Black » faisant le « Haka » devant un navire français médusé, Captain Jack, subtilement, préfère déplacer son bateau dans des eaux plus calmes prétextant un mauvais encrage. Arrive le moment du dîner où Alberto nous ravi par son intelligence culinaire. La conversation tourne bien évidemment autour de la météo car il continue à pleuvoir à verse.
Le lendemain, après une brève visite de Muscet Cove Marina, nous repartons sous un ciel incertain vers Monuriki. Nous, on a plutôt l’impression d’accoster le long des plages de l’Ecosse tant le ciel est bas et nuageux. Heureusement, on avait prévu coupe-vent et doudoune et pour se remettre de ce temps maussade, Nicole décide de se rabattre sur le vin pour l’apéro et le dîner, pendant que Captain Jack, stoïquement, préfère rester à son éternel jus de tomate. Ce soir-là, à l’ouverture de la seconde bouteille de vin, on parle déjà d’une « wine wine situation ».
Au troisième jour, départ vers Navadra, « la perle des Mamanuca ». Heureusement qu’un groupe de dauphins vient nous rappeler que nous sommes bien dans le Pacifique Sud sans quoi on se serait cru aux îles Shetland. Par contre, l’île est une vraie carte postale, grandes plages de sable blanc sur fond de végétation tropicale… du vrai Robinson Crusoé.
Les jours suivants, la météo continue à nous jouer des tours. C’est sûr, on va terminer dans un fjord Norvégien si cela continue.
Au bout du septième jour, après avoir nagé avec les raies Manta et les requins, plongé avec les tortues et snorkelé de nuit, c’est le grand retour du soleil. On avait presque oublié que c’était possible. Dans l’euphorie, Nicole nous ressert son délicieux apéritif maison qui est fait de ce qu’il reste dans le bar, c’est-à-dire plus grand-chose. L’ambiance est à son paroxysme jusqu’au moment où je pose à Jacky la question qui tue : « Jacky, cela fait deux ans maintenant que vous voyagez d’île en île, d’océan en océan. Y-a-t-il un endroit où vous auriez volontiers déposé vos valises pour y rester ? ». Et la réponse fût cinglante : « oui, à Antibes ! ». Le moral retombe dans les chaussettes en même temps qu’éclate un grand fou rire partagé.
Avec le beau temps reviennent les poissons et, coup sur coup, Alberto nous pèche un wahoo (genre de grand barracuda) et un ton rouge de 10 Kg qu’il nous sert le jour même en Sashimi… délicieux. Ah oui, j’oubliais… Nicole a décidé que ces deux pauvres poissons étaient également ses alcoolytes et que pour les achever, elle leur a versé quelques bonnes rasades de vodka dans les branchies. Ouf, c’est déjà cela que l’on ne boira pas !
On peut enfin profiter également de tout le confort du Lazy Jack : petites siestes sur le trampoline ou à l’ombre du bimini, grands plongeons dans une mer azur depuis la proue du bateau, tours en kayak pour aller prendre l’apéro sur les bateaux voisins (grande spécialité de Jacky), … trois jours de farniente au rythme de la mer et du soleil et entourés de nos hôtes si accueillants et d’Alberto et Alice qui gâtent nos papilles gustatives matins, midis et soirs.
Et là, on peut se dire, Lonely Planet, ils n’ont pas tout à fait tort !
En fin de compte, outre la découverte d’îles magnifiques, de fonds marins splendides et d’une population aussi accueillante qu’exotique, nous retenons surtout la douceur de vivre aux côtés de Nicole et Jacky, l’élégance et le confort du Lazy Jack et tous les moments de franche rigolade passés ensemble.
Bon vent pour la suite de votre voyage et merci encore pour tous ces merveilleux moments passés ensemble.
Nanou et Nicolas